[...] Les dieux s’en vont, mais les religions demeurent, ou plutôt l’esprit de religiosité, inséparable de nos âmes. Certes, il ne serait plus raisonnable de crier, avec le poète qui, ne croyant plus au Christ, imaginait une réincarnation humaine du Créateur : « qui de nous va devenir un dieu ? » Personne, en effet, parmi nous, ne saurait, désormais, « devenir un dieu » sans risquer les représailles des aliénistes ou les invectives des sectaires. Mais ne pouvons-nous songer encore à nous réfugier dans un asile sûr, à l’écart de notre siècle quand il nous meurtrit, loin des foules en révolution, aux heures où nous sommes lassés de les suivre ? [...]
↧